SCI de construction-vente : fonctionnement et obligations

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La Société Civile Immobilière (SCI) est une structure juridique largement utilisée en France pour gérer, détenir ou transmettre un patrimoine immobilier. Elle se décline en plusieurs formes, chacune adaptée à des objectifs précis. Parmi elles, la SCI de construction-vente (ou SCCV) se distingue par sa finalité commerciale. Voici ce qu’il faut savoir. 

Les différentes formes de SCI : un outil juridique aux usages multiples 

Tout d’abord, il convient de rappeler qu’il existe plusieurs types de SCI, chacun répondant à des objectifs spécifiques, qu’ils soient familiaux, patrimoniaux, fiscaux ou commerciaux. 

La SCI classique ou de gestion est la forme la plus courante. Elle permet à plusieurs personnes de détenir ensemble un ou plusieurs biens immobiliers et de les gérer collectivement. Elle est utilisée principalement pour organiser la détention et la location d’immeubles, sans but commercial. 

La SCI familiale, variante de la SCI classique, est spécifiquement conçue pour gérer un patrimoine immobilier entre membres d’une même famille. Elle facilite les transmissions entre générations, tout en maintenant le bien dans un cadre collectif. 

La SCI d’attribution a pour objectif d’attribuer, à terme, à chaque associé la propriété exclusive d’un lot immobilier. Elle est souvent utilisée dans les opérations de division ou de réhabilitation immobilière. 

La SCI à capital variable offre une plus grande souplesse. Elle permet l’entrée et la sortie d’associés sans modification statutaire, tant que le capital reste dans les bornes prévues. 

Enfin, la SCI de construction-vente a une finalité bien différente : construire des immeubles pour les revendre. Cette activité lui donne un caractère commercial qui la distingue des autres SCI, en principe civiles par nature. 

Qu’est-ce qu’une SCI de construction-vente (SCCV) ? 

La SCI de construction-vente (souvent abrégée SCCV) est une société civile régie par les articles 1832 et suivants du Code civil, mais dont l’objet social autorise l’exercice d’une activité de construction en vue de revente. Contrairement aux autres SCI, qui ne peuvent légalement exercer une activité commerciale régulière sans risquer la requalification ou la nullité, la SCCV bénéficie d’une tolérance légale (article 239 ter du Code général des impôts). 

Son fonctionnement repose sur une logique de projet. La société est créée dans le but de réaliser une ou plusieurs opérations de promotion immobilière : acquisition d’un terrain, construction d’un immeuble, puis vente des lots. Elle peut être dissoute une fois le programme terminé, bien que certaines SCCV soient maintenues dans la durée pour enchaîner plusieurs projets. 

Du point de vue juridique, la SCCV conserve un statut civil. Cela signifie qu’elle est exclue du régime des sociétés commerciales, notamment du Code de commerce. Néanmoins, en raison de la nature commerciale de son activité (construction pour revente), elle est soumise de plein droit à l’impôt sur les sociétés (IS), sauf exception. 

Attention : l’objet social d’une SCCV doit impérativement mentionner la construction et la revente, sans quoi la société risquerait la nullité. De même, ses statuts doivent prévoir les règles de fonctionnement, la répartition des parts, les modalités de décision collective, ainsi que la désignation d’un ou plusieurs gérants. 

Quelles sont les obligations légales d’une SCI de construction-vente ? 

Malgré sa nature civile, la SCCV est soumise à de nombreuses obligations juridiques, fiscales et comptables. Ces règles sont essentielles pour garantir la régularité de l’opération immobilière et éviter les risques de requalification ou de sanctions. 

Premièrement, une SCCV doit impérativement être immatriculée au Registre du commerce et des sociétés (RCS) comme toute société. Cette immatriculation donne lieu à la délivrance d’un extrait Kbis, indispensable pour ouvrir un compte bancaire, contracter un emprunt ou signer des actes notariés. 

Sur le plan fiscal, la SCI de construction-vente est soumise de plein droit à l’impôt sur les sociétés. Elle doit donc tenir une comptabilité commerciale conforme aux obligations de l’IS, déposer chaque année une liasse fiscale complète, et déclarer sa TVA lorsqu’elle y est assujettie. En effet, la revente d’immeubles neufs est considérée comme une opération taxable à la TVA. La SCCV doit donc facturer la TVA sur les ventes et peut récupérer celle payée sur les dépenses liées à la construction. 

En matière d’urbanisme et de construction, la SCCV doit respecter l’ensemble des règles applicables : permis de construire, assurances obligatoires (garantie décennale, dommages-ouvrage), conformité aux normes environnementales ou de sécurité. Elle est également soumise à l’obligation de délivrer un bien conforme à l’acheteur final, ce qui implique une responsabilité accrue du maître d’ouvrage. 

Sur le plan juridique, la SCCV doit respecter les règles de convocation des associés, de tenue d’assemblées générales, et de publication en cas de modification statutaire. Le gérant, mandataire de la société, engage sa responsabilité en cas de faute de gestion ou d’irrégularité. 

Enfin, toute distribution de bénéfices (ou tout boni de liquidation en fin de projet) doit être déclarée et imposée selon les règles classiques des sociétés à l’IS. 

Le non-respect de ces obligations peut entraîner des sanctions lourdes : redressement fiscal avec pénalités, requalification de la société en société de fait, nullité des actes conclus, responsabilité civile ou pénale des gérants, voire interdiction d’exercer. 

En résumé : les principales obligations d’une SCCV 

Obligation Détail Risque en cas de non-respect 
Immatriculation au RCS Dépôt au greffe, obtention du Kbis Nullité de la société, impossibilité d’agir 
Objet social conforme Mention explicite de la construction pour revente Requalification en société de fait 
TVA sur les ventes Assujettissement à la TVA immobilière (immeubles neufs) Redressement fiscal, majorations 
Comptabilité et liasse fiscale Comptabilité commerciale, dépôt annuel de comptes, déclaration de résultats Pénalités fiscales, amendes, rejet de comptabilité 
Assurance décennale et dommages-ouvrage Obligatoires pour les ouvrages neufs vendus Responsabilité du promoteur 
Permis de construire et conformité des travaux Dépôt, respect des règles d’urbanisme, réception conforme Suspension ou annulation du projet 
Assemblées et gestion juridique Respect des formes, votes, registres Contestation des décisions, responsabilité du gérant 

Conseils pratiques pour réussir une SCI de construction-vente 

La réussite d’un projet porté par une SCCV repose sur une préparation rigoureuse, un encadrement juridique solide, et une bonne anticipation des risques financiers et opérationnels. 

Il est vivement recommandé de rédiger les statuts avec l’aide d’un professionnel du droit (notaire ou avocat), afin de garantir la validité de l’objet social et de prévoir un fonctionnement adapté aux réalités du chantier. Une clause de répartition des bénéfices, d’encadrement du pouvoir du gérant et de gestion des apports en compte courant est souvent utile. 

Le montage financier de la SCCV doit être pensé en amont. Les apports en capital sont souvent limités, et les opérations sont financées par des emprunts bancaires ou des apports en compte courant d’associé. Il est donc essentiel d’obtenir des garanties bancaires solides et de prévoir un budget prévisionnel réaliste. 

Pour limiter les risques juridiques, la SCCV doit s’entourer de professionnels expérimentés : architecte, maître d’œuvre, assureur, promoteur, comptable. Le respect des délais de livraison et de la conformité des biens construits est déterminant pour préserver la rentabilité de l’opération et éviter les litiges avec les acheteurs. 

Enfin, il faut garder à l’esprit que la SCCV est souvent une structure temporaire. Il est donc conseillé de prévoir une durée de vie adaptée à la durée du projet, avec une clause de prorogation possible. Une fois les lots vendus et les comptes soldés, la société peut être dissoute et liquidée, les associés récupérant les bénéfices réalisés selon leur quote-part.

 crédit photo : iStock

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